Le HCMA a connu une nouvelle intersaison mouvementée. Après l’annonce de la fin de la fusion avec Chamonix, le club a monté différents dossiers (dès le mois d’avril) avec l’espoir d’intégrer la D2 pour cette prochaine saison 2017/2018. Malheureusement et malgré les différentes garanties apportées par le club, le couperet est tombé hier tard dans la soirée. Morzine-Avoriaz devra bien repartir du bas de l’échelle et évoluera donc en D3. Un risque qui était connu lors de la création de Chamonix-Morzine même si le HCMA, au regard du dossier présenté, de l’énergie investie dans le HC74 et la formation mais aussi des années de haut niveau, aurait espéré une décision plus « clémente ». Maintenant que le club a toutes les cartes en main pour communiquer, il est apparu important de faire le point sur la situation des Pingouins qui comptent bien ressortir grandis de cette aventure.
Morzine quitte la fusion ?
La fusion Chamonix-Morzine était un projet ambitieux né d’une volonté commune. Deux clubs qui ont connu de nombreux derbys en Magnus, assez éloignés en termes de gestion mais aussi d’histoire mais qui voulaient croire à un avenir commun. Face à la professionnalisation de la Ligue Magnus, pour l’avenir du haut niveau à Morzine et en Haute-Savoie, ce projet semblait être une belle alternative même si de nombreux défis attendaient les différentes parties. Après un beau lancement en juillet 2016, les problèmes ont vite pris le dessus. Bien que conscients des efforts à consentir et après quelques concessions (nom du club, perte de la licence, club basé à Chamonix notamment), les dirigeants morzinois ont peu à peu senti le club leur échapper tout en ayant le sentiment d’être lésés. Les résultats sportifs n’ont pas aidé, c’est certain. Une « chute » qui atteindra son paroxysme avec l’éviction de Stéphane Gros sans que les dirigeants morzinois n’en valident le principe. Repartant en bas de l’échelle, le HCMA serait-il la grande victime de cette fusion ? Oui et non évidemment.
Le club et les dirigeants sont bien conscients que chacun a sa part de responsabilités dans cet échec et loin de l’idée du HCMA de fuir ses responsabilités.
Il faut savoir prendre du recul sur les événements. Le club et les dirigeants sont bien conscients que chacun a sa part de responsabilités dans cet échec et loin de l’idée du HCMA de fuir ses responsabilités. Oui, il y a eu de désaccords mais le fait est que ce manque de vision commune aura eu raison de la cohésion de la direction. Plusieurs points peuvent être soulevés. De part et d’autre, de fortes personnalités rendant parfois les discussions compliquées. Un processus de décision intégrant de nombreux acteurs, une direction avec peu d’expérience dans le management sportif avec parfois un manque de consultation des acteurs historiques du CHC ou du HCMA. Sans parler des problèmes inhérents à une fusion entre deux clubs a plus d’une heure de route. La montagne était trop grande, les divergences trop fortes…c’est donc la raison qui a poussé le HCMA a quitté la fusion. Dès le mois de mars, le comité a validé le principe de ce départ, d’autant plus qu’un projet Pionniers en D1 n’était pas concevable (quid du nombre de match par patinoire ?). Le repêchage (trop) tardif des Pionniers en Magnus n’a pas changé la position du club. Au-delà des problèmes déjà connus, bâtir une équipe compétitive en si peu de temps paraissait tout simplement impossible.
Pour aller plus loin, avec le tournant pris par la FFHG pour la Ligue Magnus, le HCMA n’a tout simplement plus les moyens d’être compétitif en Ligue Magnus : que ce soit au niveau des infrastructures ou du budget. Même si, grâce au soutien indéfectible de la mairie, la Skoda Arena n’a rien à envier aux grandes patinoires côté spectacle et visuel, force est de constater que sa capacité est trop faible pour pouvoir rivaliser avec les chiffres de billetterie de clubs comme Bordeaux, Rouen, etc…Sans parler du manque d’infrastructures pour développer l’offre VIP et la réception des équipes. Évidemment, le bassin de population n’aide pas, n’oublions pas que Morzine est un village de 3000 habitants et que survivre en Magnus était jusqu’ici une prouesse. Avec un petit budget, il est impossible de suivre le rythme des déplacements, de renforcer l’encadrement, etc…Le constat est simple et sans appel et à long terme.
Le projet « Pionniers » avait également les mêmes limites. À long terme, la survie des Pionniers passait obligatoirement par une nouvelle enceinte. La raison voudrait que celle-ci se trouve à proximité d’un bassin de population plus fourni que la Vallée d’Aulps. Même si les discussions n’en étaient pas à ce stade évidemment, nous pourrions très bien imaginer une nouvelle arena à Chamonix, Passy, Sallanches voir même dans la Vallée de l’Arve comme pourrait éventuellement le souhaiter la direction de la SASP. Dans cette perspective, quelle serait la place de Morzine ? Le club serait certainement relégué au rang de « partenaire » avec l’hypothèse de ne plus avoir de match à « domicile ».
La Haute-Savoie, berceau du hockey français, se doit d’être représentée au plus haut niveau !
Face à tous ces faits, le club reprend à son compte un adage bien connu « mieux vaut un petit chez soi qu’un grand chez les autres ». Une décision de raison qui ne met pas l’ambition de côté. La place du HCMA serait aujourd’hui en D1 et de nombreux projets sont en cours pour donner les moyens aux Pingouins d’exister, tant au niveau de la formation que de l’équipe « élite ». Nouveaux vestiaires, nouveau comité avec des membres issus de la formation HCMA/HC74, nouvelle image…malgré ce coup de massue, le HCMA va repartir de l’avant. La fusion avait écarté quelques partenaires, bénévoles et autres soutiens. Le retour des Pingouins version 2017 devrait, nous l’espérons, soulever de l’enthousiasme. Pour en revenir aux Pionniers, nous ne pouvons que souhaiter bonne chance à Chamonix dans ce nouveau défi en SAXOPRINT LIGUE MAGNUS. La Haute-Savoie, berceau du hockey français, se doit d’être représentée au plus haut niveau !
L’intégration en D3
Comme évoqué, le HCMA a fait part de sa volonté d’intégrer la D2 et s’est donné les moyens d’apporter les garanties. En concurrence avec Grenoble/Vaujany lançant une nouvelle équipe et malgré un dossier validé par la CNSCG, Morzine s’est vu refuser cette demande à L’UNANIMITÉ par le bureau directeur. Certes, la perte de la licence était actée mais, à l’image de club comme Dijon (repêché en D2), Brest la saison dernière ou encore Villard de Lans, le club espérait un sort plus clément. Ce sera finalement tout l’inverse comme en témoignent ces quelques lignes extraites du courrier plutôt rude de la FFHG :
« Considérant que la situation juridique et financière du club de Morzine est incertaine suite à la décision du club et de la ville de Morzine de se retirer de la SASP Chamonix-Morzine, engagée en SAXOPRINT Ligue Magnus. Que si le club n’est pas directement partie aux conventions signées par la SASP, son rôle dans le retrait de la collectivité de Morzine est avéré ; que les conséquences de ce retrait ne sont pas négligeables et ne peuvent être déconnectées du club de Morzine. »
Ce premier paragraphe incombe donc l’échec de la fusion au HCMA, visiblement seul responsable. Comme évoqué précédemment, une fusion se fait à deux clubs, l’échec ne peut également être que le fruit des deux parties. Oui, le HCMA ne voyait plus l’avenir avec Chamonix, oui, le HCMA et son comité sont toujours en étroites relations avec les élus, une proximité qui d’ailleurs réjouit le club. Oui, le HCMA a fait part de son souhait de sortir de la fusion. Malgré tout, et pour cette prise de position, le HCMA doit-il être tenu pour responsable et en payer seul le tribut ? Pour ce qui est de la situation juridique et financière, rappelons que le HCMA est l’un des rares club à ne pas avoir déposé le bilan en France, et ce malgré les difficultés ou erreurs de gestion. Les dettes et différentes amendes et pénalités sévères ont toujours été réglées. Les pièces justificatives toujours fournies dans les temps (ce qui n’est pas non plus le cas de tous les clubs). Peut-on donc vraiment dire que la situation du HCMA est incertaine financièrement (budget validé par la CNSCG rappelons le) et juridiquement (l’association existe toujours, tout comme la société des Pingouins) ?
« Considérant que le club de Morzine avait été explicitement informé et alerté, lors de la constitution de la SASP Chamonix-Morzine à l’intersaison 2016/2017, sur le fait que son association avec Chamonix entrainait la perte de ses droits sportifs attachés à son équipe première. Que l’instabilité du club de Morzine, qui a décidé de se retirer de ce montage dès l’intersaison 2017/2018, ne contribue pas à la structuration du hockey sur glace français. Considérant, en outre, que la situation sportive de Morzine n’est pas très précise, les joueurs formés localement susceptibles de s’engager avec Morzine n’étant pas identifiés.[…]. Sur la base de ces éléments, je vous informe que le Bureau Directeur a décidé, à l’unanimité, de ne pas retenir la candidature«
Les conséquences de la perte de licence étaient aussi connues et le club accepte cette décision. Par contre, le HCMA doit-il vraiment être tenu pour responsable et être accusé de ne pas aider à la structuration du hockey français ? Rappelons que le club s’investit énormément dans la formation non seulement avec les jeunes mais aussi avec le HC74 (on pense notamment à quelques joueurs issus de la formation HCMA brillant aujourd’hui dans d’autres clubs en France comme à l’étranger ou dans les sélections nationales comme Sami Tavernier, Fabien Bourgeois, Thomas Suire, Théo Lanvers, Léo Dutruel, Antonin Plagnat, Valentin Coffy ou encore Maxime Baud pour ne citer qu’eux), tente ou a tenté de véhiculer une image professionnelle connue et reconnue comme tel par de nombreux acteurs du hockey français et que la situation sportive est précise et connue. Le club, via le HC74, dispose d’un très beau vivier de U20 qui ne demande qu’à progresser et avoir du temps de jeu. Sans parler des joueurs morzinois disposés aujourd’hui à défendre les couleurs du club et des JFL qui pourraient être intéressés par le projet des Pingouins. Tous ces points sont clairement identifiés, tout comme notre volonté sportive initiale : évoluer en D2.
L’idée n’est pas de crier au complot mais simplement de rétablir quelques vérités. Pour conclure, le club accepte ce sort établi à l’unanimité par le bureau directeur et travaillera encore plus dur pour revenir au niveau qui serait le sien..la D1. Un nouveau défi que l’ensemble du comité a hâte de relever !